par LEAP/Europe 2020, Leap2020.eu
Malgré un sentiment de calme relatif donné tant par les médias que par les marchés financiers américains et japonais allant de record en record, l'économie mondiale ralentit gravement et une récession généralisée se profile. Les différents acteurs en ont pleinement conscience et, face aux enjeux d'un effondrement imminent, des pays ou des régions mettent en place diverses stratégies pour tenter d'en limiter les conséquences. Si certains semblent dictés par le désespoir ou les solutions de la dernière chance, d'autres au contraire témoignent d'une réelle adaptation aux mutations actuelles du monde. Et c'est sans surprise que, dans la première catégorie, on retrouve les « puissances du monde d'avant » qui n'ont plus de réelles options.
Mise en page de l'article complet :
1. Récession mondiale en vue
2. L'activité douteuse des banques
3. Paradis fiscal tout l'enfer
4. Néo-protectionnisme entre blocs régionaux
5. La stratégie des pays émergents dans l'or
6. Les dernières balles de la Fed
7. Euroland : les gouvernements d'union nationale et la BCE à la rescousse
8. Stratégies à haut risque
Cette annonce publique contient les chapitres 1, 2 et 5.
Récession mondiale en vue
En effet, plusieurs signaux montrent qu'un retournement de conjoncture est imminent. En effet le terme de « retournement » n'est pas très approprié puisque l'économie réelle ne s'est jamais vraiment remise du choc de 2008 : c'est donc plutôt une aggravation que nous verrons.
Les indices ne manquent pas pour cela. L'Europe est déjà en récession. Les exportations de la Chine, souvent considérée comme « l'atelier du monde », chutent fortement (voir graphique ci-dessous) et les signaux de référence se contractent ou ralentissent dangereusement (1) avec, en plus, une importante bulle de crédit (2).
Exportations chinoises vers différents pays. Rouge : contraction sur un an, vert : expansion. Source : Bloomberg.
L'Australie, qui donne une bonne indication de la santé de l'économie mondiale du fait de son exposition aux matières premières, est en difficulté (3). Les consommateurs marquent également le pas. Aux États-Unis, les ventes en gros (4) et au détail sont en baisse.
Ventes au détail aux États-Unis, 2005-2013. Source : Bloomberg.
La majorité des indices de référence américains basculent dans le rouge, par exemple l'indice PMI de Chicago (5), ainsi que l'indice mondial Goldman Sachs (voir graphique ci-dessous).
Global Leading Indicator (GLI), croissance et accélération. Source : Goldman Sachs.
Bref, une récession mondiale se profile à l'horizon (6). Pour se protéger de son impact, les différents acteurs, à commencer par les banques, utilisent différentes stratégies que nous allons maintenant analyser.
Les affaires douteuses de la banque
Il va sans dire que le secteur financier n'est guère un modèle de transparence. Mais avec JP Morgan ou Bank of America qui ont « miraculeusement » réussi à ne pas avoir un seul jour de pertes de trading au premier trimestre (7), ou encore, les réserves d'or de JP Morgan qui se sont mystérieusement vidées (8) alors que par une étrange coïncidence on a vu un chute du cours de l'or à la mi-avril, sans même évoquer la variété des manipulations opérées par les banques de premier plan, au premier rang desquelles JP Morgan (9) et d'autres (10) ; ces opérations louches passent de plus en plus inaperçues.
Néanmoins, toutes les banques savent qu'une nouvelle tempête se profile à l'horizon et utilisent tous les moyens à leur disposition (plus ou moins légaux) pour se mettre à l'abri, et tout est permis, y compris entre les banques elles-mêmes. C'est dans cette optique qu'il faut regarder les bilans étonnants des différentes banques au premier trimestre permettant d'attirer les investisseurs, ou du moins de reporter la débâcle, ou le krach de la mi-avril du prix de l'or clairement causé par un ou plus de ces institutions financières.
Ces rudes batailles en plein bouleversement économique laisseront des traces et les banques les plus faibles ou les plus touchées ne sortiront pas indemnes de la tempête, d'autant plus que les places financières sont désormais confrontées à un nouvel adversaire, les pays eux-mêmes.
La stratégie des pays émergents sur l'or
Quand certains pays doivent protéger leurs économies pour survivre, aller chercher des recettes fiscales dans les paradis fiscaux et, en même temps, laisser paradoxalement leurs banques utiliser des méthodes peu orthodoxes pour éviter la faillite, d'autres ont choisi de miser sur l'or. Alors que l'or papier a connu un krach effrayant à la mi-avril, la demande d'or physique n'a jamais été aussi élevée, ce qui confirme le découplage complet entre les marchés de l'or papier et de l'or physique. Que se passe-t-il lorsque tout le monde se rend compte que les certificats d'or papier n'ont pas de contrepartie physique ? Quand le titre de propriété d'un lingot ne peut être honoré ? Le papier en question n'a aucune valeur. Il faut donc s'attendre à plus de volatilité du prix de l'or papier. C'est pourquoi certains courtiers n'autorisent aucun effet de levier sur les positions papier sur l'or (11). Ce découplage montre aussi que des problèmes majeurs sont à venir car la confiance est désormais ébranlée.
Cependant, l'or physique lui-même a ses meilleurs jours devant lui. La Chine l'a bien compris et achète de l'or en masse (12).
Importations chinoises d'or via Hong-Kong, 2012 et 2013 (en tonnes). Source : HK Census and Statistics Department.
Cette forte demande n'est pas anodine : elle révèle d'une part la stratégie de sortie du dollar de la Chine et, d'autre part, sa volonté de se protéger d'un choc à venir et, enfin, l'anticipation que la possession d'or doit accompagner l'internationalisation des le Yuan. En effet, la possession d'or confère au Yuan une crédibilité au niveau international sans compter l'hypothèse que l'or ferait partie intégrante d'un nouveau système monétaire international.
Car c'est la stratégie des BRICS : construire progressivement un système mondial où ils auraient une plus grande représentation, notamment en passant du dollar et en utilisant leurs propres devises pour le commerce. Et par étapes, ce mouvement qui peut paraître lent mais qui en réalité est extrêmement rapide au niveau des changements à opérer, permet de déplacer le centre de gravité mondial, et les nations émergentes deviennent de plus en plus indispensables à mesure que le monde avance. . C'est l'essence de la « crise systémique globale » décrite et anticipée pas à pas par le GEAB depuis sept ans.
Evidemment, ce mouvement ne peut avoir lieu qu'avec un corollaire : la perte d'influence en Occident et en particulier aux Etats-Unis.
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Notes:
(1) « Le secteur non manufacturier s'est contracté en avril » (source Les gens, 04/05/2013), « chute du PMI du secteur manufacturier chinois en avril » (source Les gens, 02/05/2013), etc.
(2) Origine : Epoch Times (01 / 05 / 2013) CNBC (26 / 04 / 2013).
(3) Provenance : Atlantique, 10/05/2013.
(4) Provenance : CNBC, 09/05/2013.
(5) Provenance : ISM-Chicago, 30/04/2013.
(6) Pour d'autres signes similaires, lire par exemple ZeroHedge (08 / 05 / 2013).
(7) Provenance : ZeroHedge, 08/05/2013.
(8) Provenance : ZeroHedge, 08/05/2013.
(9) La banque est poursuivie par l'état de Californie (source : New York Times, 09/05/2013) et prochainement par la FERC (source : Financial Times, 08/05/2013) qui a en ligne de mire l'unité de produits de base dirigée par Blythe Masters. Croire CNBC (03/05/2013), cette affaire n'est qu'un règlement de compte entre amis...
(10) Par exemple Deutsche Bank (source : Bloomberg, 28/03/2013), RBS (source : Télégraphe, 03/04/2013), etc.
(11) Provenance : ZeroHedge, 02/05/2013.
(12) Provenance : Caixin (10 / 05 / 2013) et Les gens (03 / 05 / 2013).
Message original: Le GEAB N°75 est disponible ! Crise systémique 2013 : avec des records boursiers, le plongeon imminent de la planète dans la récession